Epervierbleu
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Appel d'Edgard Morin, oasis de vie, changement de civilisation
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Appel d'Edgard Morin
Cet Appel vous invite, citoyennes et citoyens qui vous reconnaissez dans ce texte à parler d’une seule voix et à peser fortement dans le débat public. En signant cet Appel, vous exprimez votre accord avec ce texte et vous manifestez votre souhait de contribuer à rassembler la multitude d’initiatives issues des actrices et acteurs de la société civile.
Nous sommes innombrables mais dispersés, à supporter de plus en plus difficilement l’hégémonie du profit, de l’argent, du calcul (statistiques, croissance, PIB, sondages) qui ignorent nos vrais besoins ainsi que nos légitimes aspirations à une vie à la fois autonome et communautaire.
Nous sommes innombrables mais séparés et compartimentés à souhaiter que la trinité Liberté Égalité Fraternité devienne notre norme de vie personnelle et sociale et non le masque à la croissance des servitudes, des inégalités, des égoïsmes.
Au cours des dernières décennies, avec le déchaînement de l’économie libérale mondialisée, le profit s’est déchaîné au détriment des solidarités et des convivialités, les conquêtes sociales ont été en partie annulées, la vie urbaine s’est dégradée, les produits ont perdu de leurs qualités (obsolescence programmée, voire vices cachés) les aliments ont perdu de leurs vertus, saveurs et goûts.
Certes, il existe de très nombreux oasis de vie aimante, familiale, fraternelle, amicale, solidaire, ludique qui témoignent de la résistance du vouloir bien vivre ; la civilisation de l’intérêt et du calcul ne pourra jamais les résorber. Mais ces oasis sont encore trop dispersés et se connaissent encore trop peu les uns les autres.
Ils se développent pourtant et leur conjonction ébauche le visage d’une autre civilisation possible.
La conscience écologique, née de la science du même nom, nous indique non seulement la nécessité de développer les sources d’énergie propres et d’éliminer progressivement les autres y compris le si dangereux nucléaire, mais aussi de vouer une part plus importante de l’économie à la salubrité des villes polluées et à la salubrité de l’agriculture, donc à faire régresser agriculture et élevage industrialisés de plus en plus malsains, au profit de l’agriculture fermière et de l’agro-écologie.
Une formidable relance de l’économie faite dans ce sens, stimulée par les développements de l’économie sociale et solidaire, permettrait une très importante résorption du chômage comme une importante réduction de la précarité du travail.
Une réforme des conditions du travail serait nécessaire au nom même de cette rentabilité qui aujourd’hui produit mécanisation des comportements, voire robotisation, burn out, chômage qui donc diminuent en fait la rentabilité promue. En fait la rentabilité peut être obtenue, non par la robotisation des comportements mais par le plein emploi de la personnalité et de la responsabilité des salariés. La réforme des États peut être obtenue, non par réduction ou augmentation des effectifs, mais par débureaucratisation, c’est à dire communications entre les compartimentés, initiatives et rétroactions constantes entre les niveaux de direction et ceux d’exécution.
La réforme de la consommation serait capitale. Elle permettrait une sélection éclairée des produits selon leurs vertus réelles et non les vertus imaginaires des publicités (notamment pour la beauté, l’hygiène, la séduction, le standing), ce qui opérerait la régression des intoxications consuméristes (dont l’intoxication automobile). Le goût, la saveur, l’esthétique guideraient la consommation, laquelle en se développant ferait régresser l’agriculture industrialisée, la consommation insipide et malsaine, et par là, la domination du profit.
Le développement des circuits courts, notamment pour l’alimentation, via marchés, Amaps, Internet, favorisera nos santés en même temps que la régression de l’hégémonie des grandes surfaces, de la conserve non artisanale, du surgelé.
Par ailleurs, la standardisation industrielle a créé en réaction un besoin d’artisanat. La résistance aux produits à obsolescence programmée (automobiles, réfrigérateurs, ordinateurs, téléphones portables, bas, chaussettes, etc.) favoriserait un néo-artisanat. Parallèlement l’encouragement aux commerces de proximité humaniserait considérablement nos villes. Tout cela provoquerait du même coup une régression de cette formidable force techno-économique qui pousse à l’anonymat, à l’absence de relations cordiales avec autrui, souvent dans un même immeuble.
Vendredi 28 Avril 2017 à 17:01